On entend souvent parler d’asocial ou d’antisocial pour décrire le comportement de certaines personnes qui s’éloignent des normes sociales. Mais savez-vous vraiment ce que ces termes signifient et en quoi ils diffèrent ? Cet article va permettre de mieux comprendre ces concepts.
L’asocialité
Une personne asociale est quelqu’un qui s’isole volontairement et qui évite les interactions sociales. L’asocialité se manifeste par :
- Un désintérêt pour les relations amicales ou amoureuses
- Une préférence pour les activités solitaires
- Un petit nombre d’interactions sociales
- Un cercle social restreint
L’asocialité ne constitue pas nécessairement un trouble psychique. Certaines personnes asociales s’épanouissent très bien dans la solitude. D’autres peuvent souffrir d’anxiété sociale ou de dépression, ce qui explique leur repli sur soi.
Les causes de l’asocialité
Plusieurs facteurs peuvent favoriser le développement d’un comportement asocial :
- Des expériences douloureuses vécues dans l’enfance (harcèlement, abus, etc.)
- Un trouble mental comme la dépression ou un trouble du spectre de l’autisme
- Une personnalité introvertie
- Un environnement familial qui encourage l’isolement
Asocial ou insociable ?
Bien que proches, les termes “asocial” et “insociable” présentent quelques subtilités :
- L’asocial fuit volontairement les interactions sociales.
- L’insociable apprécie la compagnie des autres mais éprouve des difficultés à tisser des liens ou à s’intégrer à un groupe.
Contrairement à l’asocial qui choisit délibérément de s’isoler, l’insociable souhaite créer des relations mais y parvient difficilement. Cela peut engendrer frustration et souffrance.
Contrairement à l’asocialité, le comportement antisocial va à l’encontre des normes sociales et peut inclure des actes répréhensibles ou criminels. L’antisocialité regroupe différents traits de personnalité et comportements comme :
- Un égocentrisme marqué et un manque d’empathie
- Une tendance à mentir ou à manipuler les autres
- Une impulsivité importante et une intolérance à la frustration
- Des comportements irresponsables et violents
- Des actes illégaux récurrents comme le vandalisme ou le vol
Le trouble de la personnalité antisociale
Lorsque certains traits antisociaux sont profondément ancrés chez un individu, on peut parler de trouble de la personnalité antisociale. Celui-ci se manifeste dès l’adolescence par :
- Un non-respect chronique des règles sociales et des droits d’autrui
- Une incapacité à adopter un comportement responsable
- Une indifférence vis-à-vis des sentiments d’autrui
- Une absence de remords après avoir commis des actes préjudiciables ou illicites
Ce trouble, également appelé sociopathie ou psychopathie, touche environ 3% des hommes et 1% des femmes. Il est souvent lié à des antécédents familiaux troubles ou à des mauvais traitements vécus pendant l’enfance.
La dyssocialité
On parle de dyssocialité lorsque l’antisocialité s’inscrit dans un trouble psychiatrique plus large comme la schizophrénie. Contrairement au trouble de la personnalité antisociale qui débute à l’adolescence, la dyssocialité apparaît à l’âge adulte.
Après avoir vu les définitions de ces deux concepts, voyons maintenant ce qui les rapproche et les différencie :
Les points communs
- L’asocial et l’antisocial ont tous deux tendance à s’isoler socialement, mais pour des raisons différentes.
- Ils éprouvent des difficultés à nouer des liens ou à participer à la vie en société.
Les différences
- L’asocial choisit de s’isoler alors que l’antisocial en est souvent empêché à cause de comportements inadaptés.
- L’asocial n’enfreint généralement pas les règles sociales; l’antisocial est dans la transgression.
- L’asocialité n’est pas systématiquement pathologique; l’antisocialité est toujours considérée comme une forme de trouble mental.
Il arrive qu’on amalgame les notions d’asocialité et d’antisocialité. Mais est-ce que quelqu’un d’asocial peut également développer des traits antisociaux ?
Asocial et antisocial : des profils différents
Bien que partageant une difficulté à tisser des liens avec autrui, l’asocial et l’antisocial ont généralement des profils psychologiques très distincts :
- L’asocial est renfermé sur lui-même et passif. Il n’a pas de velléités hostiles envers les autres.
- L’antisocial est centré sur lui-même et actif dans la transgression. Il manifeste de l’agressivité et un mépris des normes.
L’asocialisation peut-elle conduire à l’antisocialité ?
Bien qu’il n’existe aucun lien de cause à effet direct entre asocialité et antisocialité, un isolement social important dès l’enfance peut parfois favoriser certains comportements antisociaux :
- Des difficultés d’empathie et de communication à cause d’un manque d’interactions sociales.
- Une méconnaissance des codes sociaux et des convenances.
- Un recours plus fréquent à des comportements violents face à des situations de frustration.
Toutefois, l’asocialité peut tout à fait exister sans déboucher sur une forme pathologique d’antisocialité. D’autres facteurs entrent en jeu, notamment neurobiologiques et génétiques.
Quels sont les traitements possibles ?
Selon qu’il s’agisse d’asocialité ou d’antisocialité, les prises en charge diffèrent.
La thérapie de l’asocialité
Un travail psychothérapeutique permet bien souvent de traiter la souffrance qui découle d’un isolement subi. Parmi les pistes possibles :
- Thérapies de la confiance et de l’affirmation de soi
- Thérapies cognitives et comportementales pour lutter contre l’anxiété sociale
- Travail d’acceptation de soi et de son mode de fonctionnement atypique
La thérapie de l’antisocialité
La prise en charge de l’antisocialité vise principalement à:
- Prévenir la récidive d’actes violents ou illégaux
- Améliorer l’empathie et la gestion des émotions
- Favoriser la responsabilisation
Elle peut combiner un traitement médicamenteux, une psychothérapie et un accompagnement social individualisé. Les thérapies familiales et de groupe sont aussi parfois recommandées.
Voici quelques conseils pour soutenir un proche autant que possible tout en se préservant.
Accompagner au mieux l’asocialité
- Rassurer sur le fait qu’il n’y a « pas de problème » à préférer la solitude.
- Inciter à des activités individuelles pour maintenir une vie épanouissante.
- Respecter son rythme et ses capacités d’interactions sociales.
Faire face à l’antisocialité d’un proche
- Poser ses limites quand son comportement est toxique ou dangereux.
- L’encourager à consulter un professionnel spécialisé.
- Éviter de se montrer moralisateur pour maintenir le dialogue.
Voilà un tour d’horizon complet des notions d’asocialité et d’antisocialité. On constate qu’il existe à la fois des points de rapprochement et des différences fondamentales entre ces deux concepts. Le principal écueil est sans doute d’amalgamer ces profils et de cataloguer toute personne solitaire ou marginale de “sociopathe”. Une erreur contre laquelle il faut lutter ! J’espère que cet article vous aura permis d’y voir plus clair.