Comprendre la perversion narcissique
Qu’est-ce que le narcissisme ?
Le narcissisme est un trait de personnalité que nous avons tous à des degrés divers. Il consiste essentiellement en l’amour de soi, l’admiration de ses propres qualités. Mais à partir d’un certain seuil, le narcissisme devient pathologique et trouble profondément les relations avec autrui.
Le narcissique dans la mythologie
Le terme narcissisme vient du personnage de Narcisse dans la mythologie grecque. Narcisse était un jeune homme d’une beauté exceptionnelle, mais qui méprisait tous ceux qui tombaient amoureux de lui. Un jour, en se penchant au-dessus d’une source pour se désaltérer, Narcisse aperçut son reflet dans l’eau et en tomba éperdument amoureux. Incapable de quitter des yeux l’objet de sa passion, il resta figé près de la source jusqu’à ce que mort s’ensuive. Cette légende illustre bien l’amour excessif de soi-même et l’incapacité d’aimer autrui qui caractérisent le narcissique.
Les différents types de narcissiques
On distingue principalement deux grands types de personnalités narcissiques :
Le narcissique extraverti est sûr de lui, charismatique, exigeant. Il a un besoin viscéral d’être admiré et le fait bien sentir aux autres.
Le narcissique introverti est plus discret, renfermé sur lui-même, hypersensible à la critique avec une estime de soi très fragile.
Mais quel que soit leur profil, les narcissiques ont un point en commun : leur incapacité à s’intéresser véritablement aux autres et à éprouver de l’empathie. Leur ego démesuré accapare toute la place !
Le pervers narcissique, profil type
Une personnalité trouble
Le pervers narcissique est une variante plus sévère encore du narcissique « classique ». Derrière un extérieur très charmant se cache une personnalité profondément troublée, qui dissimule son extrême fragilité sous un contrôle de fer. Ses relations sont basées sur la manipulation et la domination d’autrui.
Un être assoiffé de contrôle et de pouvoir
Le pervers narcissique a un besoin maladif de contrôler et de dominer son entourage affectif pour combler un vide intérieur abyssal et maintenir l’illusion d’une estime de soi surdimensionnée. Il cherche à écraser les autres pour s’élever lui-même et assouvir son égo.
Un grand séducteur
Le pervers narcissique sait se montrer très séduisant… au début ! Il déploie tout son charme pour vous faire croire que vous êtes l’élu(e), la personne la plus merveilleuse qu’il ait jamais rencontrée. C’est la phase de l’idéalisation. Mais dès qu’il sent qu’il vous tient, le masque de belle personne tombe : commence alors la phase de dévaluation, qui installe insidieusement la domination.
Les techniques de manipulation du pervers narcissique
Le love bombing
Cette méthode consiste à vous accabler de plein de petites attentions charmantes : compliments, cadeaux, déclarations enflammées… Le but est de vous séduire pour mieux vous manipuler par la suite. Et non pas de conquérir véritablement votre cœur ! Derrière cet amour apparent se cache un immense vide affectif.
Le chaud et le froid
Une fois que vous êtes « ferré(e) », le pervers narcissique va instaurer une insécurité affective permanente en alternant moments de grande affection et phases de retrait brutal ou de dénigrement. Un jour, vous êtes son âme sœur, le lendemain vous êtes la pire des choses qui lui soit arrivée… Ce yoyo émotionnel entretient votre dépendance et votre quête éperdue de retrouver ses bonnes grâces.
La projection
Autre technique favorite du manipulateur : la projection. Plutôt que de reconnaître ses propres défauts, il va systématiquement vous les attribuer pour mieux se positionner en victime. Ainsi, c’est vous le jaloux, le radin, l’égoïste ! Vous finissez par douter sérieusement de votre santé mentale…
L’invalidation émotionnelle
Le pervers narcissique va invalider en permanence vos ressentis et émotions. « Mais non, tu exagères, ce n’était pas si terrible que ça ! ». Ce déni de votre vécu interne est très destructeur, car à force vous ne faites plus du tout confiance à vos propres perceptions et ressentis.
Les conséquences dévastatrices sur la victime
La perte de repères
Être avec un pervers narcissique, c’est comme vivre dans une lessiveuse émotionnelle en permanence : on finit par ne plus savoir qui on est, ce que l’on ressent, ce qui est normal ou pas. Notre boussole intérieure devient complètement déréglée.
La dépression
À force de se voir dénier sa réalité interne, rabaissé et critiqué en permanence, on sombre inévitablement dans des épisodes dépressifs, parfois sévères avec risque suicidaire. Le sentiment de n’être rien, de ne même pas exister en tant que personne à part entière nous envahit.
Le syndrome de Stockholm
Par un mécanisme de survie psychique, la victime va « s’allier » avec son bourreau, minimiser et excuser ses comportements, voire se sentir responsable des agissements de son pervers. Elle va même éprouver de la pitié pour son tortionnaire, projeter sur lui une image de génie incompris par le monde extérieur. Un moyen inconscient de restaurer l’illusion que ce n’est pas SI terrible que ça finalement…
Comment s’en sortir ?
Fuyez !
Si vous vous reconnaissez dans les situations décrites, la meilleure chose à faire est tout simplement de fuir, de couper les ponts. Les pervers narcissiques ne changent pas, ne guérissent pas. Ils ne font que repérer de nouvelles proies quand ils se lassent des précédentes ou qu’elles menacent de se rebeller.
Rebâtir son estime de soi
Une fois sorti(e) de l’emprise du manipulateur, le chemin de la reconstruction est long. Outre le soutien psychologique indispensable, il faut réapprendre à faire confiance à ses propres ressentis et perceptions. Rebâtir pierre après pierre l’estime et la connaissance de soi anéanties par le pervers.
Comprendre ses failles
Il est également essentiel de comprendre ce qui nous a conduit à accepter l’inacceptable et à subir aussi longtemps cette maltraitance. Quelles sont les failles (dépendance affective, abandonnique…) qui nous ont poussés dans les filets du prédateur ? Seule cette comprehension permettra de ne plus retomber dans le piège et de se reconstruire sur des bases saines.
Pardonner mais pas oublier !
Enfin, dernière étape indispensable : pardonner au pervers narcissique sans jamais oublier sa vraie nature. Car le pardon est avant tout un cadeau que l’on se fait à soi pour aller de l’avant, se libérer de la rancoeur et de sentiments aussi destructeurs que la haine ou le ressentiment. Mais gare à ne pas retomber dans le piège de la compassion envers le manipulateur : il ne changera pas, ne l’oubliez jamais…