Le phénomène des sites de rencontres extra-conjugales est relativement récent, mais il prend une ampleur considérable, comme en témoigne le nombre croissant d’inscrits annoncé fièrement sur leur page d’accueil. Plus d’un million de membres, vraiment ?

Ces plateformes où l’on revendique le droit à l’infidélité dans le plus grand anonymat et en toute tranquillité interpellent. Derrière le vernis de la modernité technologique se cachent en réalité des questionnements de société beaucoup plus profonds sur l’évolution des rapports hommes-femmes et de la conception même du couple.

Le reflet d’une émancipation des femmes…

Ces sites se présentent comme les hérauts d’une forme d’émancipation féminine. En donnant la possibilité aux femmes de tromper leur conjoint sans tabou, ils leur rendraient une liberté confisquée par le carcan du mariage.

Un discours séduisant pour celles qui s’estiment prisonnières d’une relation dont la flamme s’est éteinte, ou qui rêvent d’échapper à la routine d’une vie de couple étriquée. L’adultère numérique serait alors une façon de pimenter un quotidien fade ou de combler un manque affectif.

…Qui dissimule une manipulation commerciale…

Derrière ce prétendu féminisme de façade se cachent cependant des visées beaucoup plus mercantiles. Ces sites sont avant tout des entreprises qui cherchent à tirer profit d’un filon juteux, en surfant sur les frustrations intimes des internautes.

En faisant miroiter le fantasme de la femme libérée, ils poussent les utilisatrices à la consommation de crédits – le nerf de la guerre de ce business – pour décrocher le saint Graal : un amant virtuel, et pourquoi pas réel.

Une manipulation qui marche à plein, permettant aux sites d’engranger des profits faramineux. Mais la désillusion guette souvent au bout du chemin numérique : trouver l’âme sœur se révèle plus ardu que prévu…

…Et des dangers bien réels

Sous des dehors ludiques et inoffensifs, la réalité de ces sites de rencontres extra-conjugales peut cependant être beaucoup plus sombre. Certes, ils offrent une apparence de sécurité avec un système de messagerie interne anonymisé et la possibilité de masquer rapidement la page en cas de flagrant délit conjugal.

Mais de nombreux témoignages attestent des drames relationnels qui peuvent résulter de ce genre de pratiques : disputes violentes, séparations houleuses, dépressions nerveuses… Sans parler du risque d’arnaques en tout genre, ou dans le pire des cas, de dérives sectaires.

Bref, il ne s’agit pas d’un jeu sans conséquence et toute personne s’inscrivant sur ce type de site devrait garder à l’esprit que chaque acte, aussi virtuel soit-il, peut avoir des répercussions bien réelles.

Le profil type de l’infidèle 2.0

Passé le cap de l’inscription, quel est donc le profil de l’utilisateur lambda des sites extra-conjugaux comme Gleeden ? S’agit-il vraiment de femmes insatisfaites en quête d’évasion ? Ou plutôt d’hommes en mal de conquêtes faciles ? La réalité semble en fait beaucoup plus contrastée.

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Des femmes plus actives que les hommes

Contrairement aux idées reçues, ce sont les femmes qui sont le plus actives sur ces sites : elles représentent près de 70% des utilisateurs. Beaucoup cherchent avant tout à combler un vide affectif et à trouver une oreille attentive ou une épaule pour pleurer. Le sexe n’est pas forcément la priorité, contrairement à ce que laissent penser les discours marketing.

Côté messagerie en revanche, ce sont les hommes qui envoient le plus de messages, dans l’espoir de décrocher un rendez-vous galant. Mais seulement une femme sur dix répond en moyenne à leurs avances. Autant dire que la drague en ligne n’a rien d’un long fleuve tranquille…

Des profils variés qui cassent les clichés

Loin des caricatures véhiculées çà et là, on trouve en réalité des profils très variés parmi les infidèles 2.0 : des trentenaires célibataires en mal de sensations fortes, des quinquas frustrés en bout de course conjugale, des seniors qui refusent de raccrocher les crampons…

Toutes les catégories socioprofessionnelles sont également représentées, des ouvriers aux cadres supérieurs, même si ces derniers sont surreprésentés. L’appel de l’interdit ne connaît décidément pas de barrière.

La motivation première invoquée reste cependant toujours la même : trouver ailleurs ce qui fait défaut dans son couple. Le site devient alors une sorte d’exutoire 2.0 pour compenser les manques de la vie réelle. Quitte à verser dans des travers narcissiques troubles…

Les dessous d’un business juteux

Si les sites comme Gleeden connaissent un tel engouement, c’est aussi parce qu’ils ont réussi à transformer l’infidélité en fabuleuse machine à cash. Petit décryptage d’un business en plein essor, dont certaines dérives interrogent.

Un modèle économique rôdé…

Le modèle économique des sites extra-conjugaux est simple et diablement efficace. L’inscription est gratuite pour attirer le chaland, puis un système de crédits payants permet de rentabiliser au maximum chaque utilisateur.

Plus vous voulez contacter de personnes ou utiliser de services, plus vous devez acheter de crédits via des packs au prix toujours croissant. 10 crédits pour 5 euros, 70 pour 25 euros… jusqu’à 370 crédits pour 99 euros !

Et cerise sur le gâteau : la durée de validité des crédits est illimitée, ce qui pousse à la surconsommation. Qui n’a jamais cédé à l’appel du : « Encore cinq minutes monsieur l’agent ! » ?

…Mais des méthodes controversées

Certains sites n’hésitent pas à utiliser des méthodes pour le moins controversées pour pousser à l’achat compulsif, flirtant avec les limites de la légalité.

C’est notamment le cas du marketing d’influence, avec des blogueuses sponsorisées qui vantent en vidéo les mérites des sites extra-conjugaux. Rien de tel qu’une jolie youtubeuse pour vanter les joies de l’adultère rémunéré !

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Autre technique répandue : les faux profils de séductrices, créés de toutes pièces pour inciter les hommes à acheter des crédits dans l’espoir de conclure. Las, derrière le soi-disant mannequin se cache bien souvent… un vendeur peu scrupuleux planqué derrière son écran. L’arnaque est grossière, mais elle fonctionne.

Des bénéfices nets à faire pâlir les sites de rencontre classiques

Résultat, les sites pour infidèles affichent des profits records. Avec plus de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, Gleeden fait figure de poids lourd du secteur. Mais la concurrence est rude entre les différentes plateformes.

Et certains n’hésitent pas à surfer sur des niches encore plus juteuses, mais juridiquement bien plus risquées, comme les rencontres extra-conjugales entre étudiants ou… le sugardating, où de jeunes femmes monnayent compagnie et charme. Autant dire que l’appât du gain pousse parfois à des dérives éthiques graves…

Témoignages : la face cachée des sites extra-conjugaux

Au-delà des discours lénifiants et des promesses alléchantes des sites eux-mêmes, qu’en est-il réellement de l’expérience vécue par les utilisateurs de ces plateformes ? Les avis sont très partagés, entre satisfaction personnelle et désillusions amères. Plongée au coeur d’univers ambigu, entre plaisir et tourments.

A la recherche d’affection plus que de sexe

« Je ne cherchais pas une vulgaire aventure sans lendemain, mais une relation avec de vrais sentiments », confie Sandrine, 37 ans, cadre dans la finance. « Mon couple battait de l’aile après 15 ans ensemble et j’avais besoin de réconfort. Sur Gleeden, j’ai trouvé une oreille attentive, un confident avec qui je pouvais parler de tout. Ça m’a fait énormément de bien. On a fini par se voir et c’est allé plus loin. Mais ce qui comptait vraiment, c’était la connexion émotionnelle avant tout. »

Un témoignage qui va à l’encontre des clichés sur la gente féminine soi-disant obsédée par le sexe sur ces sites. La quête d’affection non comblée dans le couple prime le plus souvent sur les aventures physiques sans lendemain.

Du fantasme à la désillusion…

« J’avais cette image de la femme fatale qui allait me faire vivre toutes mes fantasmes », raconte de son côté Julien, 44 ans, en recherche d’emploi. « La réalité a été toute autre… Entre les profils faux et les escrocs qui voulaient juste soutirer de l’argent, j’ai vite déchanté. J’ai quand même réussi à concrétiser avec une fille, mais ce n’était clairement pas la bombe sexuelle de mes rêves les plus fous ! C’était même carrément nul… Franchement, autant regarder un bon film X, ça revient moins cher ! »

Un constat amer qui risque de rebuter plus d’un homme en quête d’aventures torrides. Car entre le fantasme initial et la réalité du terrain, l’écart est souvent vertigineux…

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Jouer avec le feu : du virtuel au cauchemar

Mais au-delà des déceptions plus ou moins graves, certains internautes sont carrément tombés de haut. A l’image de ce quadragénaire, prénommé Marc : « Ma double vie a fini par me péter à la figure de la pire des manières. Ma femme a découvert mes infidélités sur un site de rencontres en faisant une saisie sur l’ordinateur familial. Ça a été l’horreur : disputes à n’en plus finir, menaces de divorce et j’en passe. Je m’en veux terriblement et j’ai bien failli tout perdre pour quelques moments de plaisir volé… Plus jamais ça ! », jure-t-il aujourd’hui.

Son histoire est loin d’être un cas isolé. Car derrière l’anonymat trompeur du web se cachent souvent de lourdes conséquences dans la vie réelle…

Conseils pour une expérience réussie

Comment tirer son épingle du jeu sur les sites extra-conjugaux et éviter les pièges ? Voici quelques conseils essentiels pour maximiser ses chances de faire de belles rencontres, sans prendre de risques inutiles.

Bien choisir son site

Premier impératif : bien choisir sa plateforme de rencontres en fonction de vos attentes. Certains sites ciblent les femmes, d’autres les hommes, quand d’autres sont réservés aux seniors ou aux adeptes du libertinage.

Fuyez aussi les sites 100% gratuits : ils pullulent d’arnaques en tout genre. Mieux vaut miser sur un site payant avec une base d’utilisateurs sérieux et motivés (comprendre : prêts à mettre la main au portefeuille).

Soigner son profil

Autre point clé : soigner son profil au maximum. Une description précise et honnête, des photos flatteuses, un pseudo accrocheur… Prenez le temps de peaufiner votre vitrine numérique pour susciter l’intérêt. Et n’oubliez pas les détails qui font mouche : musiques favorites, films culte, petites manies…

Côté photo, évitez les clichés type selfie débraillé dans votre salle de bain. L’idée est de séduire avec classe ! Mettez plutôt en avant votre sourire, vos yeux et vos atouts.

Faire preuve de prudence

Soignez aussi votre approche lors des premiers contacts : pas de blabla vulgaire ou de proposition indécente d’entrée de jeu si vous voulez avoir une chance de conclure. Misez sur l’écoute, l’humour et le romantisme.

Restez aussi prudent et ne communiquez aucune information permettant de vous identifier (adresse, tél, email…) avant d’avoir bien cerné la personne. Et lors des rendez-vous, optez pour la discrétion : restaurants à l’écart, hôtels discrets, tenue passe-partout…

Garder raison et mesure

Dernier impératif pour vivre sereinement cette expérience : garder raison et mesure, sans vous emballer. Ces sites ne doivent pas devenir une drogue ou une échappatoire à vos problèmes de couple. Fixez-vous des limites raisonnables côté temps et argent.

Et gardez toujours à l’esprit que chaque acte, aussi virtuel soit-il, peut avoir des répercussions concrètes sur votre vie… Alors mesdames et messieurs les infidèles, bon courage ! Et surtout, faites attention à vous…