En Suède, un trouble psychologique méconnu nommé syndrome de résignation frappe principalement les enfants réfugiés, plongeant certains d’entre eux dans un état quasi-comateux. Cette pathologie rare, intimement liée aux conditions d’exil, aux traumatismes accumulés et à l’attente anxiogène du traitement de leur dossier d’asile, soulève de nombreuses questions sur l’impact du contexte migratoire sur la santé mentale. Ce mal silencieux illustre la façon dont le vécu traumatique et l’impuissance peuvent restructurer profondément la psyché des plus jeunes, engageant un cri du corps et de l’esprit face à une situation perçue comme désespérée et sans issue. Dans cet article, on explorera en profondeur les manifestations, les causes, les mécanismes et les pistes d’accompagnement de ce syndrome, tout en posant un regard empathique sur la douleur de jeunes vies suspendues à un contexte administratif et humain délicat.
Origines et reconnaissance du syndrome de résignation en Suède : un phénomène singulier
Le syndrome de résignation, ou Uppgivenhetssyndrom en suédois, a été officiellement reconnu comme maladie en Suède au début des années 2010. Ce trouble dissociatif s’est progressivement révélé dès les années 2000, affectant en majorité des enfants réfugiés âgés de 8 à 15 ans issus principalement de régions dévastées telles que l’ex-Yougoslavie et l’ex-URSS. C’est un phénomène psychique rare au monde, quasi exclusif à ce contexte géographique et socio-politique, qui s’explique avant tout par les spécificités du parcours migratoire et la situation administrative complexe en Suède.
Une des origines principales du syndrome réside dans l’annonce brutale et anxiogène d’une expulsion imminente. En effet, le déclenchement des symptômes survient souvent immédiatement après que l’enfant ou sa famille reçoivent la décision de refus de permis de séjour. On rapporte que parfois, c’est l’enfant lui-même qui effectue la lecture du courrier de rejet en suédois, ce qui amplifie l’impact traumatique. Ce moment devient un point de bascule où l’espoir abandonne la place à une résignation profonde, physique et psychique, un arrêt quasi-total de la vie visible.
Les chercheurs s’interrogent encore sur l’étiologie précise de ce phénomène, certains l’interprétant comme une forme extrême de shutdown psychique, proche de la réaction de « freezing » observée dans le monde animal face à une menace insurmontable. D’autres le décrivent comme un trouble lié à la culture, propre à ce contexte migratoire en Suède, reflétant à la fois la détresse incommensurable et la réponse psychique ultime à l’impuissance.
- 💡 Découverte dans les années 2000 en Suède
- 👧 Enfants réfugiés majoritairement concernés (8-15 ans)
- 📩 Déclenchement souvent après annonce d’expulsion
- 🧠 État dissociatif, proche catatonique
- 🇸🇪 Syndrome quasi-exclusif au contexte suédois
Élément | Description | Impact observé |
---|---|---|
Contexte d’apparition | Réfugiés en Suède, rejet de demande d’asile | Arrêt psychomoteur sévère de l’enfant |
Population touchée | Enfants entre 8 et 15 ans, filles plus fréquentes | Sédentarité totale, non-réactivité |
Symptomatologie | Immobiles, non communicants, incontinence | État comateux pouvant durer plusieurs années |

Symptômes caractéristiques du syndrome de résignation chez les enfants réfugiés
Le tableau clinique du syndrome de résignation est marqué par une apathie profonde, un arrêt total des activités motrices et une perte d’interactions avec l’environnement. L’enfant atteint devient totalement immobile, ne répond plus aux stimuli extérieurs, ni à la douleur. Ce silence corporel est souvent accompagné d’un mutisme quasi absolu et d’une incontinence. Sur le plan moteur, il y a un relâchement complet du tonus musculaire, le rendant incapable de se nourrir ou de boire tout seul.
Les enfants ne manifestent aucun intérêt pour leur entourage, semblant « éteints » et désengagés de la vie. Ce phénomène peut durer de plusieurs mois à plusieurs années, le temps que la situation administrative qui pèse sur la famille évolue favorablement. Cette inertie totale pose un véritable défi pour les soignants, tant elle ressemble à un état comateux, sans pour autant relever d’une maladie neurologique classique.
Différences avec d’autres pathologies psychiques
Il est essentiel de différencier ce syndrome d’autres affections telles que la dépression sévère, la catatonie ou les troubles dissociatifs. Par exemple :
- 🧠 Catatonie : le syndrome partage certains critères (mutisme, catalepsie) mais reste spécifique par son contexte culturel.
- 😔 Dépression majeure : présente une tristesse active alors que la résignation implique un retrait total sans expression d’émotion.
- 🤐 Mutisme sélectif : ici, le silence est généralisé et global, pas un simple refus d’expression dans certaines situations.
La complexité de ces symptômes exige une évaluation psychologique minutieuse. La généralisation des troubles somatiques secondaires, notamment les incontinences et les troubles alimentaires, complique la prise en charge médicale.
Symptômes | Manifestations | Importance en diagnostic |
---|---|---|
Apathie | Perte d’intérêt totale, absence d’émotion | Critère central du syndrome |
Immobiles | Absence de mouvement spontané | Signale un état dissociatif sévère |
Mutisme | Pas de communication verbale | Distingue des dépressions classiques |
Incontinence | Perte de contrôle des fonctions sphinctériennes | Signe d’affaiblissement corporel |
Facteurs psychologiques et traumatismes à l’origine du syndrome de résignation
Il n’y a pas de cause unique à ce trouble, mais un faisceau de facteurs liés à l’histoire du réfugié et à ses expériences douloureuses accumulées. La plupart des enfants touchés présentent des antécédents complexes mêlant exposition à la guerre, violences, persécutions et déplacements forcés. Cette somme de traumatismes peut aboutir à un effondrement psychique spectaculaire à l’annonce d’une expulsion. L’enfant semble se retirer dans un espace de protection interne extrême, digne d’un mécanisme de survie face à une menace insurmontable.
Les facteurs majeurs incluent :
- ⚠️ Traumatismes directs : violences physiques, épisodes de guerre, disparition des proches.
- 💔 Perte des repères familiaux : séparations, incertitudes sur le sort de la famille.
- 🌍 Choc culturel et isolement : difficultés d’intégration dans un pays d’accueil qui peut sembler étranger et hostile.
- 📰 Incertitude administrative : la peur du rejet accentue la sensation d’impuissance.
Cette accumulation agit comme un « cocktail toxique » qui pousse certains jeunes à un arrêt quasi-complet, traduisant un désespoir profond. Ce phénomène peut aussi s’apparenter à une séquelle immatérielle des stress post-traumatiques mal élaborés.
Facteurs | Manifestations psychologiques | Rôle dans le syndrome |
---|---|---|
Traumatismes | Anxiété sévère, peur chronique | Élément déclencheur essentiel |
Famille éclatée | Sentiment de solitude et abandon | Amplifie le retrait |
Exclusion sociale | Déficit de soutien et d’appartenance | Aggravation de la désespérance |

Approches thérapeutiques du syndrome de résignation : de l’écoute à l’accompagnement global
Vu l’ampleur et la gravité du syndrome, la prise en charge thérapeutique doit être complète et pluridisciplinaire. La première étape est d’instaurer un climat de confiance et de respect, notamment au sein de la famille. Le soutien psychothérapeutique s’articule autour d’une écoute empathique, visant à accompagner l’enfant et sa famille dans la reconstruction d’un avenir possible.
Il est également reconnu que le redressement ne s’opère pas seulement par la prise en charge médicale, mais surtout par la résolution de la situation administrative. La réception d’un permis de séjour a souvent un effet thérapeutique puissant, marquant le réveil progressif de l’enfant. Cette dimension souligne comment la souffrance psychique peut dépendre étroitement d’un contexte social et juridique perçu comme hostile.
- 🛋️ Psychothérapie individuelle : favoriser l’expression des émotions et des souvenirs traumatiques.
- 🏠 Thérapie familiale : renforcer le soutien entre proches.
- ⚕️ Soins médicaux : prise en charge des symptômes physiques et coordination des équipes.
- 📜 Assistance administrative : accompagnement juridique et social.
- 🎨 Activités de réinsertion : ateliers éducatifs et ludiques pour recréer un lien au monde.
Intervention | Description | Objectif |
---|---|---|
Psychothérapie | Exploration du trauma, soutien émotionnel | Restaurer la parole et l’émotion |
Thérapie familiale | Impliquer la famille dans le soutien | Favoriser un cadre sécurisant |
Assistance administrative | Aide pour l’obtention du permis de séjour | Disparition d’une source majeure de stress |
Activités socioculturelles | Réinsertion sociale et éducative | Redonner un sens et une place |
Le syndrome de résignation interroge plus largement la société suédoise et ses dispositifs d’accueil des réfugiés. Face à un phénomène aussi délicat, plusieurs associations œuvrent pour accompagner ces familles en souffrance et promouvoir le respect des droits humains.
Des organisations telles que SOS Méditerranée, France Terre d’Asile, Médecins du Monde, Cimade, la Ligue des Droits de l’Homme, le Bureau d’Accueil des Demandeurs d’Asile, Emmaüs, le Secours Catholique, la Banque Alimentaire ou Amnesty International jouent un rôle clé dans :
- 🤝 Faciliter l’accès aux soins et aux services sociaux
- 📚 Apporter un soutien psychosocial et juridique
- 🛡️ Défendre les droits des enfants réfugiés
- 🎯 Sensibiliser l’opinion publique et les pouvoirs publics
Ces initiatives sont essentielles pour rompre l’isolement et renforcer les réseaux de soutien, indispensables au rétablissement de la dignité et du bien-être des enfants atteints.
Organisation | Action principale | Bénéficiaires |
---|---|---|
SOS Méditerranée | Sauvetage et accueil des migrants | Réfugiés et exilés en danger |
France Terre d’Asile | Accompagnement juridique et social | Demandeurs d’asile et familles |
Médecins du Monde | Soins médicaux et soutien psychologique | Personnes en précarité |
Cimade | Assistance juridique et intégration | Réfugiés et migrants |
L’importance de la prévention et d’une intégration réussie pour éviter le syndrome de résignation
Prévenir le syndrome de résignation, c’est avant tout agir tôt sur l’environnement qui entoure l’enfant réfugié. L’accueil dans un climat chaleureux, la reconnaissance de la souffrance psychique et l’accès à des soins spécialisés sont des facteurs cruciaux. L’intégration scolaire et sociale joue aussi un rôle majeur dans la préservation de la santé mentale.
Les professionnels doivent être formés pour reconnaître les signes précurseurs, ce qui peut permettre d’éviter une aggravation des symptômes. De plus, la collaboration entre acteurs médicaux, éducatifs et sociaux est indispensable pour construire un réseau protecteur.
- 🏫 Accès à l’école et activités sociales pour recréer des liens
- 🤗 Accueillir et écouter les besoins psychiques des enfants
- 🧑💼 Informer et former les intervenants en contact avec ces populations
- 🔍 Détecter rapidement les signes d’alerte psychologique
Mesures Préventives | Actions proposées | Effets attendus |
---|---|---|
Accueil chaleureux | Programmes d’accueil adapté, sensibilisation | Réduction du stress initial |
Suivi médical et psychologique | Consultations régulières, soutien psychique | Prévention des troubles graves |
Intégration scolaire | Accompagnement scolaire et social | Maintien des repères et de la motivation |
Formation des acteurs | Programme de sensibilisation des enseignants et travailleurs sociaux | Détection rapide et prise en charge adaptée |
Les défis psychologiques et sociaux rencontrés par les familles de réfugiés en Suède
Au-delà des enfants atteints, les familles réfugiées vivent une énorme pression psychique. La peur constante d’une expulsion, les ressources souvent limitées, mais aussi la difficulté de gérer les non-dits et les souffrances inexprimées façonnent un climat de grande tension. Cette dynamique familiale peut renforcer le sentiment d’impuissance ressenti par chaque membre, allant parfois jusqu’à la dissociation collective.
Voici quelques aspects majeurs :
- 🚪 Incertitude administrative : une attente sans fin qui magnifie l’angoisse
- 🔒 Isolement culturel et social : difficulté à créer des liens dans le pays d’accueil
- 😞 Traumatismes non traités laissés en suspens faute d’accès aux soins
- 🔄 Cycles de souffrance où le mal-être d’un membre impacte toute la famille
Des outils et stratégies d’accompagnement doivent être mis en place pour soutenir ces familles dans toutes leurs dimensions.
Défi familial | Conséquences psychologiques | Recommandations |
---|---|---|
Incertitude judiciaire | Stress chronique et anxiété | Accompagnement juridique et soutien moral |
Isolement social | Dépression et sentiment d’exclusion | Création de réseaux communautaires |
Traumatismes familiaux | Transmission intergénérationnelle de la souffrance | Thérapies familiales et soutien psychologique |
Vers une meilleure compréhension du syndrome : recherches et perspectives récentes
Depuis son émergence, les chercheurs s’efforcent d’éclairer les mécanismes psychobiologiques et socioculturels qui sous-tendent le syndrome de résignation. Études neurolinguistiques, analyses cliniques et ethno-psychiatriques contribuent à mieux cerner cette dissociation extrême, tout en respectant la complexité des histoires individuelles.
Parmi les avancées :
- 🔬 Identification de certains marqueurs neurobiologiques liés au stress aigu
- 🌐 Exploration des spécificités culturelles dans la manière de faire face au trauma
- 🤲 Développement de protocoles thérapeutiques intégrant le contexte social vécu par l’enfant
- 📊 Évaluation des facteurs de résilience inhérents à certains enfants
Axes de recherche | Objectifs | Impacts potentiels |
---|---|---|
Neurobiologie du stress | Comprendre la réponse biologique au trauma | Amélioration des traitements médicamenteux et psychothérapeutiques |
Approche culturelle | Adapter les soins aux spécificités culturelles | Meilleure acceptation et efficacité des interventions |
Facteurs de résilience | Identifier les ressources psychiques de l’enfant | Personnalisation des plans thérapeutiques |
Ces recherches sont primordiales pour transformer la manière dont les professionnels et la société accueillent et soutiennent ces enfants. Elles invitent à une réflexion éthique profonde sur le droit à la dignité et à la santé mentale pour tous, quel que soit le pays d’origine.
FAQ sur le syndrome de résignation chez les enfants réfugiés en Suède
- ❓ Qu’est-ce qui déclenche le syndrome de résignation ?
Le déclencheur principal est souvent l’annonce d’une expulsion imminente du pays d’accueil, combinée aux traumatismes antérieurs vécus par l’enfant. - ❓ Ce syndrome est-il spécifique à la Suède ?
Oui, il est actuellement observé essentiellement en Suède, du fait de conditions administratives et culturelles particulières. - ❓ Comment faire la différence entre dépression et syndrome de résignation ?
Le syndrome de résignation se caractérise par un état quasi-comateux, une immobilité totale et un mutisme complet, alors que la dépression implique souvent une tristesse exprimée et une certaine agitation. - ❓ Le syndrome peut-il se guérir ?
Oui, généralement la guérison est liée à la stabilisation de la situation administrative et à un accompagnement psychothérapeutique adapté. - ❓ Comment aider un enfant en risque de développer ce syndrome ?
Un accueil chaleureux, des soins psychologiques précoces, une intégration scolaire réussie et un soutien familial solide sont essentiels pour prévenir l’apparition du syndrome.
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